Publié
initialement en juin 2018
Depuis deux mois,
je me suis lancé en « créa-maths » malgré un certain scepticisme
initial et une bonne dose d’appréhension.
Pour ce
faire, je me suis appuyé sur le DVD La création mathématique collective
et le livre Entrée en Maths, faire évoluer sa pratique, tous deux
disponibles aux éditions de l’ICEM. Voici un bref compte-rendu de ces premières
semaines.
·
Déroulé des séances
Je fais
« créa-maths » deux fois par semaine avec une demie-classe à chaque
fois (donc chaque élève a une séance par semaine). L’autre demie-classe est en
situation de recherche mathématique avec la maîtresse surnuméraire. La séance
dure 45 minutes.
Assez
rapidement, les séances se sont ritualisées autour de 3 phases qui alternent entre
temps individuels et temps collectifs.
1 – Phase
de création (10 minutes)
Consigne : « trouvez une bonne idée mathématique. Vous pouvez utiliser des nombres, des signes mathématiques, des points, des lignes ». Pour les enfants qui ont du mal à comprendre la consigne, j’explique que c’est comme un texte libre… mais en mathématiques : « en texte libre on fait ce que l’on veut en écrivant ; en création mathématiques, on fait ce que l’on veut avec des mathématiques ».
Remarque : Le terme « bonne idée
mathématique » est assez évocateur, il permet d’aiguiller les élèves tout
en restant très ouvert.
Ensuite,
je laisse 10 minutes aux enfants pour réaliser leur création. Je peux interagir
individuellement avec eux pour qu’ils m’expliquent ce qu’ils sont en train de
faire mais la plupart du temps, je les laisse faire seuls et je me contente
d’observer et d’imaginer des exploitations possibles.
2 – phase
d’échange collectif (20-30 minutes)
Nous nous
réunissons autour du tableau. Je choisis une création et la recopie sur une
grande feuille que j’affiche. Je demande aux élèves de bien l’observer et
d’essayer de comprendre ce que l’auteur a fait. Dans un premier temps, l’auteur
n’aura pas la parole.
Tous les
élèves qui le souhaitent prennent la parole (sauf l’auteur) pour dire ce qu’ils
ont compris, remarqué, ce qui les a interpellés. J’écris les remarques
pertinentes sur la grande feuille. Souvent, les élèves sont amenés à compléter
ou enrichir la création de manière à bien expliciter les notions en jeu.
Ensuite,
l’auteur prend la parole pour expliquer sa création et dire si elle a bien été
comprise par le groupe. De nouveau échanges peuvent avoir lieu éventuellement.
Remarque : Le plus souvent, une seule
création est abordée. Parfois deux mais jamais plus.
3 – temps
de recherche individuel (10 à 20 minutes)
Initialement,
je n’avais pas prévu cette phase. Elle s’est imposée car je me suis rendu
compte que le temps d’échange collectif 1/ n’était pas profitable à tous les
enfants (certains ayant du mal à se concentrer ou à comprendre des explications
abstraites) et 2/ n’était pas suffisant pour s’approprier la ou les notions abordées.
J’ai donc
pris l’habitude de proposer dans un troisième temps une situation (ou un
exercice) en lien avec la création étudiée lors de la phase collective. Les
élèves tentent de résoudre la situation seuls ou avec l’aide d’un-e camarade.
La plupart du temps, je me contente de faire refaire la même chose que l’auteur
de la création, mais en demandant aux enfants de changer les données.
Exemple : pour la création
« vers la multiplication », Sami avait dessiné 3 sacs de 5. Je
demande donc de faire « comme Sami » mais en faisant varier le nombre
de sac et/ou la quantité présente dans les sacs.
·
La trace écrite
Chaque
séance donne lieu à une trace écrite sous forme d’une affiche élaborée lors du
temps d’échange collectif. Un code d’écriture de ces affiches s’est plus ou
moins installé :
-
En bleu : la
copie de la création telle que l’auteur l’a réalisée,
-
En vert ou en orange : les informations complémentaires
ajoutées par les élèves lors des échanges,
-
En rouge : les remarques pertinentes écrites par le maître.
·
Bilan personnel
Avantages
de la démarche :
-
C’est un temps très vivant d’exploration du domaine mathématiques.
C’est un temps très vivant d’exploration du domaine mathématiques.
- Les élèves ont une grande motivation à travailler sur la production d’un-e
camarade.
- Je note une grande richesse des échanges, les notions sont vues ou revues en
profondeur, elles sont mieux appropriées.
- La trace écrite laissée (l’affiche du tableau) est très
« parlante » pour les enfants. Il suffit de la ressortir pour
réactiver une notion.
- Aucune séance n’a fait flop ! A chaque fois, un objet de discussion
intéressant émerge pour peu qu’on sache rebondir sur les remarques des enfants.
Inconvénients
/ problèmes / interrogations :
-
Le plus gros problème pour moi est le demi-groupe. A chaque fois, la moitié du groupe ne participe pas au travail, ce qui est dommageable. En même temps, ce type de travail n’est pas envisageable à 24. Au début, j’ai tenté de faire des restitutions entre les deux groupes mais sans succès (on retombe dans une forme de transmission peu efficace). Comment faire ?
Le plus gros problème pour moi est le demi-groupe. A chaque fois, la moitié du groupe ne participe pas au travail, ce qui est dommageable. En même temps, ce type de travail n’est pas envisageable à 24. Au début, j’ai tenté de faire des restitutions entre les deux groupes mais sans succès (on retombe dans une forme de transmission peu efficace). Comment faire ?
- La première phase de création reste problématique. Dans ma classe de CP,
beaucoup d’enfants ne comprennent pas le principe de la création mathématique.
Ils font des productions non mathématiques (dessins pour la plupart) ou
reproduisent ce qui a été fait les fois précédentes.
- Je choisis moi-même la ou les créations étudiées collectivement parmi celles
qui me semblent pertinentes. Parfois, je ne choisis qu’une partie d’une
création pour avoir un objet d’étude cohérent. Est-ce gênant ?
- Beaucoup de créations ne sont pas abordées, j’en ai déjà un paquet de
150 en deux mois ! Est-ce gênant ? Qu’en faire ?
·
Conclusion
Je ne regrette pas de m’être lancé dans les créa-maths. J’ai dissipé une bonne partie de mes réticences. Comme dans les autres domaines, travailler à partir de l’expression des élèves se révèle très riche et passionnant. Je souhaite poursuivre ce travail et voir ce sur quoi il peut déboucher sur du long terme.
Je
constate cependant que les enfants ne se sont pas beaucoup appuyés sur leur
vécu pour réaliser leurs créa-maths. C’est certainement parce qu’ils ont du mal
à identifier ce qui entre dans le champ mathématique ou non. Peut-être qu’il
serait pertinent de prévoir des temps plus guidés, où l’enseignant se charge de
puiser dans la vie de la classe (quoi de neuf ? ou autre) une
situation de recherche intéressante et la propose aux enfants.
Deux
contre-exemples cependant :
-
Mayssa consacre sa création mathématique a chercher combien de jours d’école il
reste avant les grandes vacances.
- Marius
écrit « 2 4 6 8 10» à « c’est comme ça que les animateurs du
centre de loisirs nous compte dans le rang ».