"Notre
histoire a amplement montré que les classes dominantes ne renoncent
à leurs privilèges que lorsque le rapport de force les contraint à
ces concessions. [La croyance] que l'on pourrait avancer sur le
chemin de l'égalité économique et sociale par la bonne volonté et
la discussion entre citoyens raisonnables œuvrant au bien commun
(...) a toujours été démentie par les faits."
Ce
sont des mots lourds de sens qu’écrit Gérard Noiriel en
conclusion de son ouvrage Une histoire populaire de la France (voir ici),
fresque monumentale
et passionnante qui
nous relate l’histoire des
classes populaires de Jeanne
d’Arc à l’aube des « Gilets
Jaunes »...
L’historien
y démontre
que, 170 ans après la
parution du Manifeste du parti communiste,
la célèbre citation de Karl Marx
n’a pas pris une ride. Oui,
« l’Histoire de toute
société jusqu’à nos jours n’a
été que l’histoire de la
lutte des classes » !
Mais
l’immense mérite de ce travail est de ne pas s’arrêter à une
conception simpliste et schématique de cette
lutte. Au fil des époques étudiées, l’auteur s’attache à
montrer les liens d’interdépendance qui se tissent et se
transforment entre dominants et dominés. Ainsi prévient-il que les
classes populaires,
loin
d’avoir écrit leur propre Histoire, sont
avant tout façonnées
par
l’action des classes dominantes. Pour autant, il
montre également qu’il est arrivé que les classes populaires
puissent infléchir le cours de l’Histoire en quelques moments
clés. Par
leur
nombre,
mais surtout
par
l’indispensable
force de travail qu’elles
représentent, les
classes populaires possèdent en elles-mêmes le potentiel pour
contraindre
les dominants à obtenir,
d’une manière ou d’une autre, leur consentement.
Pendant
des siècles, ce consentement fut
obtenu par la force. C’est ce dont témoignent les terribles
répressions des révoltes populaires au
Moyen-âge. Mais
peu à peu – et pour des raisons détaillées dans le livre mais
qu’il serait trop long d’exposer ici – s’impose une idée
fondamentalement nouvelle qui va bouleverser le rapport entre classes
sociales et
nourrir la Révolution française
: l’égalité
entre
les
êtres humains.
Dès lors, le statut de naissance ne peut plus justifier l’exercice
d’un pouvoir arbitraire et la violence
peut
de moins en moins être utilisée massivement comme moyen de contrôle
de la population sauf à assumer
un
coût
symbolique très
fort
(On
pense par exemple à la postérité de la Commune de Paris qui n’est
pas sans liens avec sa
terrible répression).
Le
rapport de force entre classes s’en trouva forcément
modifié d’autant
plus que l’on observe dans le même temps
l’organisation progressive des classes populaires (syndicats,
structures politiques comme l’AIT, …) qui profitent des progrès
de l’éducation et des communications en même temps que de la
distanciation des structures de contrôle de la population
(centralisation politique à Paris, baisse progressive de l’emprise
religieuse, …).
C’est
bel et bien ce nouveau rapport de force plus favorable aux classes
populaires, et nourri de luttes colossales (notamment les grandes
grèves de 1936, 1947-48 et 1968) qui permet un progrès général
des conditions de vie au cours du XXe
siècle. Et non le simple développement technique au sein d’une
économie capitaliste comme on l’entend trop souvent. C’est ce
que l’on nomme couramment le « compromis fordiste » :
les possédants comprirent qu’ils ne parviendraient à se maintenir
qu’à
la condition de
démocratiser le progrès.
Reste
à savoir si nous ne sommes pas en train de sortir de cette période
politique née de la Révolution française et structurée autour des
idées républicaines. La démocratie apparaît en effet de plus en
plus confisquée au peuple, les
politiques et services publics sont en cours de démantèlement, la
frange la plus aisée de la Nation a fait cessioni
et la brutalité de l’État connaît un regain d’intensité
jamais vu depuis la fin de la Seconde
Guerre
mondiale (déchéance de nationalité, interdiction de
rassemblements, fichage des opposants, criminalisation de l’action
syndicale, répression des lanceurs d’alerte, violences policières
et peut-être même le retour des procès politiques avec l’affaire
douteuse des perquisitions de la France Insoumiseii).
A
cela s’ajoute des discours aux accents aristocratiques au plus haut
sommet de l’État qui remettent directement en cause l’égalité
des citoyens au sein de la Nation.
3 citations à caractère aristocratique et donc antidémocratique d’Emmanuel Macron :« Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort »« « Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien »Il déplore que : « Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu'un ministre ou un député! »
Les
« Gilets Jaunes » ne s’y sont d’ailleurs pas trompés
en remettant au centre des revendications populaires l’égale
dignité de chacun et
en adoptant une forme
disparue
de contestation, la jacquerie (voir
mon article précédent, partie
3),
en rupture avec les organisations traditionnelles du mouvement
ouvrier.
Quelques notes personnelles prises au fil de l’ouvrage
Histoire populaire de la France Gérard Noiriel
La"France"
est le fruit de vagues successives de migrations progressivement
intégrées à une entité commune par les communications (route,
entités administratives et écritures issues des romains) et la
religion en tant que vecteur culturel et indispensable outil de
légitimité du pouvoir politique. Jusqu’à la Révolution
française, les rapports qui s’établissent entre les dominants et
les classes populaires sont centrés autour de l’impôt.
Le temps de la servitude
A
la chute de l'Empire romain, le territoire actuel de la France est
occupé par des seigneurs qui règnent en maîtres sur leur fief. La
"servitude" désigne les différents rapports sociaux
existants. l'esclavage est majoritaire. Le pouvoir de Clovis et des
mérovingiens, rois des francs, repose sur la capacité à nommer les
évêques et les abbés.
Le
règne de Charlemagne ravive un temps l'imaginaire de l'Empire
centralisé. La seigneurie devient l'échelon économique fondamental
où travaillent des esclaves et des alleux (paysans théoriquement
libres). C'est l'économie domaniale.
Le féodalisme
À
partir du XIe le féodalisme s'impose. C'est un renforcement de
l'emprise des seigneurs sur leur territoire du point de vue politique
(l'esclavage laisse place à la vassalité), économique (taxes),
juridique (justice) notamment par l'affaiblissement du pouvoir
carolingien. C'est un forme de décentralisation / rationalisation
très efficace économiquement. Progressivement cependant, les rois
de France s'imposent (y compris à l'Église) par les alliances
matrimoniales autant que par la guerre (Philippe Auguste, 13e),
par un contrôle de la justice, une administration qui s'étend et
une puissance militaire en raison de la pyramide féodale.
Le
14e siècle va menacer celui qu'on appelle "le roi de France".
Par les difficultés de succession, militairement par la guerre de
Cent Ans contre les anglais et les bourguignons mais aussi par la
peste noire qui ravage 1/3 de la population et aggrave la crise
économique. C'est à ce moment que l'on commence à criminaliser la
pauvreté car l'afflux de miséreux dans les villes est très
important.
L’état
monarchique ne s'impose totalement qu'après la guerre de Cent Ans
(début XVe). Notamment par la désignation d'un ennemi commun (les
anglais) et par l'impôt royal (taille et gabelle) qui cause de
grandes révoltes mais paradoxalement relie les populations entre
elles. La formation d'une armée royale moins dépendante des grands
seigneurs favorise le pouvoir central tout comme l’arrivée de
l’artillerie.
La Renaissance et les guerres de religion
Au
16e, les effets de l'imprimerie conduisent à l'élévation de
l'esprit critique et à une une contestation de l'église dans le
Saint Empire romain germanique (Luther invite à lire directement les
textes sacrés). En Alsace, une révolte de 300 000 personnes dite
"des rustauds" contre la dîme menée en 1525 par Érasme
Gerber conduit au massacre d'un tiers d'entre eux par le duc de
Lorraine. En France, le pouvoir royal est assez solide pour tuer dans
l’œuf la contestation (Calvin, grève contre la dîme en
Île-de-France...) malgré la dispersion importante du protestantisme
dans les élites des grands centres (1francais/10 concernés).
François
1er (16e) intègre les dernières provinces autonomes et s'appuie sur
l'armée, le développement de l'administration (baillis, sénéchaux,
tribunaux) et le commerce international (en plein développement avec
les grandes découvertes). Il utilisa également le rayonnement
culturel (Vinci) le pouvoir symbolique de la cour, les honneurs et
des grandes fonctions pour détourner l'agressivité des seigneurs.
Après
un temps de prospérité, l'augmentation de la population causa de
nouvelles difficultés, notamment le rétrécissement des parcelles.
La volonté du roi de restaurer son monopole sur le sel et
d'instaurer la gabelle aux régions exemptées causa des troubles. Ce
fût le cas en Guyenne avec la révolte des "pitauds"
mobilisant 20 000 paysans, commerçants, vignerons et le petit
clergé. La répression et la reprise de bordeaux firent des milliers
de morts.
Toujours
au 16e, des luttes de pouvoirs à la cour conduisent aux "guerres
de religions" : Louis de Condé, prince de sang, ne supportant
pas la régence de Catherine de Médicis et du clan des Guises,
rallie la réforme et s'empare de la moitié du territoire (en
réalité ce camp agrège une contestation protéiforme et
contradictoire des pouvoirs royal et religieux, menée par les élites
urbaines et dont la fraction populaire sera instrumentalisée par la
noblesse et la grosse bourgeoisie). Les catholiques ripostèrent
immédiatement ce qui conduisit à 25 ans de guerre civile acharnée.
Las des promesses non tenues des calvinistes et des atrocités
(chasse aux hérétiques, massacre de la Saint-Barthélemy...), le
peuple se rangera peu à peu derrière le pouvoir royal non sans
heurts ("journée des barricades" contre l'entrée des
troupes royales dans Paris qui conduit à l'exil du Roi vers
Chartres, une répression sanglante puis l'assassinat du roi par un
moine.) car la ligue catholique s'opposa aussi bien aux protestants
qu'à la volonté conciliatrice d'Henri 3 qui acceptait l'idée de
laisser son trône au prince de sang protestant Henri de Navarre
(lutte à Marseille entre les couches populaires ralliées à la
ligue catholique et les élites fidèles au Roi ; répression du
peuple par les élites lors d'un carnaval contestataire à Romans,
...)
Finalement,
Henri 4, après avoir assiégé Paris resté fidèle à la ligue
catholique se convertit et signe l'Édit de Nantes en 1598 :
"Paris vaut bien une messe".
Tout
ceci montre que la religion dans la guerre civile n'est souvent
qu'une cause secondaire utilisée par les protagonistes pour masquer
leur véritables motivation (lutte de pouvoir/ lutte de classe)
En
1610, Ravaillac assassine Henri IV ce qui conduit à la régence de
Marie de Médicis au nom de Louis XIII puis Louis XIII règne avec
l'aide de Richelieu (homme de la renaissance, période de Galilée et
de Descartes). En 1635, Louis XIII prend le parti des protestants
contre les Habsbourg (Prusse et Espagne) : c'est le début de
l'autonomie du politique vis-à-vis du religieux (raison d'État).
L'armée se massifie, se spécialise et se professionnalise
(arquebusiers, canons…), ce qui provoque un affaiblissement
supplémentaire du lien féodal. Richelieu finance l'armée en
améliorant le montant et le rendement du prélèvement de l'impôt
(création des intendants). Ceci créé des révoltes dans tout le
royaume de 1623 à 1643, dont celle des "Croquants" dans le
Périgord. Mais ces révoltes, réprimées dans le sang, étaient
très loin de déstabiliser le pouvoir royal, maintenant solidement
installé.
La monarchie au zénith
Sous Louis XIV ont lieu les dernières grandes révoltes contre l’autorité royale avant la Révolution :
-
Par en haut : durant la régence d'Anne d'Autriche
et de Mazarin, une fronde fiscale pousse la cour à l'exil. L'échec
conduit à un renforcement de l'État royal qui ne sera plus menacé
pendant 130 ans),
Par
en bas : bonnets rouges, répression en 1688 des paysans de
Pluviner qui refusaient l'inhumation à l'église des "caquins"
(cordiers descendants de lépreux qui faisaient l'objet de
discriminations en Bretagne et dans d'autres régions), répression
des camisards (protestants cévenols).
Louis
XIV nomma Colbert qui posa les bases de l'administration
(représentants, communication, rapports écrits, statistiques,
cartographie, code Louis et code noir pour tenter d'uniformiser le
droit...) encore une fois pour soutenir l'effort de guerre et
l'accroissement de l'armée royale. C'est aussi l'époque d'un
premier service militaire de 6 ans (par tirage au sort). C'est un
nouveau coup à la clientèle féodale qui subit aussi les promotions
au mérite.
LOUIS
XIV tente de contrôler l'ensemble de la société. Il restreint
l'accès à la noblesse en imposant de prouver ses origines
aristocratiques (manipulation identitaire), ce qui empêche toute
alliance de classe entre la noblesse de sang et celle de robe
(accordée par le roi). Il effectue un classement social non plus
seulement par la qualité mais par la fonction sociale qui floute la
structuration en 3 ordres. Il met la main sur les corporations en ne
reconnaissant que celles qui s'acquittent de l'impôt (jurandes) en
échange d'un contrôle sur le métier. De même, il s'assure de la
docilité des élites par la vente de charges (60 000) et des
créances qui les obligent au bon fonctionnement du système. Revers
de la médaille, cela créé une nouvelle aristocratie administrative
(bourgeoise) qui s'enrichit sur le dos de l'État et en contrôle une
partie croissante (Nicolas Fouquet dont les fêtes indisposent le roi
et finissent par lui coûter sa carrière). Il assoie également sa
domination symbolique avec Versailles et l'étiquette à la cour.
Sous
son règne, 85% de la population est paysanne. Il y a 10% de
laboureurs qui possèdent une terre et travaillent également chez le
seigneur, 50 % de journaliers (maison d'une seule pièce,
potager, travail sur les terres seigneuriales), le reste étant des
manouvriers ne possédaient rien (ni terre, ni maison). Les impôts
étaient très élevés, une mauvaise récolte ou le passage de
troupes pouvaient pousser les paysans sur la route. On retrouve à la
fin du règne (fin 17e) le retour des révoltes et de la famine (1,5m
de morts). Par conséquent, Louis XIV intensifie également le
contrôle social en réprimant le vagabondage et la contestation
(hôpitaux généraux qui traitent la misère au détriment de
l'Église, intégration de force aux manufactures royales, peine de
galère à Marseille où des dizaines de milliers d'hommes meurent).
Le
règne est aussi marqué par la répression des protestants dont le
point culminant est la révocation de l'édit de Nantes (1685).
Le capitalisme naissant profite de la colonisation
La
société féodale est dès cette époque concurrencée par le
développement capitaliste qui, dans les grandes fermes autour de
Paris et dans les manufactures (notamment textiles) pousse à la
dérégulations des corporations (cf cabale des tondeurs). Surtout,
les Grandes découvertes, le commerce international et l'économie
coloniale offrent des perspectives très alléchantes pour cette
nouvelle classe en développement.
Le
premier modèle colonial (17e), centré sur la plantation de tabac,
reproduit le lien féodal ; une noblesse locale toute puissante
(souvent issue de la petite bourgeoisie en France) dispose
d'"engagés" serviles et corvéables à merci (recrutée en
France sous contrats de 3 ans) ainsi que d’esclaves venus du
Mexique et déjà d'Afrique. Ainsi, plus que des considérations
raciales, c'est bien d'un rapport social qu'il s'agit.
Au
milieu du 17e, l'économie coloniale se modifie en
profondeur par l'abandon des cultures vivrières pour le café et
surtout le sucre. Les investissements sont plus importants
(matériels, moulins), les exploitations grandissent, le besoin de
main d’œuvre servile et bon marché est fort. Ceci entraîne la
systématisation de l'esclavage africain, préféré à la
mobilisation des bagnards et à l'exploitation des populations
indigènes toutes deux jugés indociles.
Malgré
un coût élevé, importer des déracinés sans culture commune, qui
plus est non chrétiens et dont la couleur permet d'interroger le
statut d'homme, a permis un asservissement complet des individus.
Cependant, une culture populaire a fini par se former (langue créole)
ainsi qu'une division sociale plus complexe qu'il n'y paraît avec
des esclave qui parviennent au poste de commandeur, à l'artisanat
(nègres de talent), à des places convoitées (nègres de maison,
ouvriers qualifiés…). Des mariages mixtes donnent naissance à des
"libres de couleur" parfois eux-mêmes proches des habitus
des européens, esclavagistes ou commerçants "d'engagés".
Certains dans les colonies ou même en métropole (il était à la
mode d'avoir des domestiques noirs) reçoivent une instruction et
deviennent libres (jusqu'en 1716, toutes personne foulant le sol
métropolitain est présumée libre).
Dans
le même temps l'élite se rétrécit sur un petit nombre de gros
propriétaires, laissant une bonne partie des autres colons dans la
misère, ce qui favorise le rapprochement avec les autres dominés
(fraternisation, mariage etc.). Dans une société où la couleur de
peau est utilisée pour justifier les inégalités, ce fût très mal
vu par les élites qui cherchèrent à y mettre fin et à maintenir
une claire distinction des races (réglementation et taxation des
affranchissements, limitation de l'accès à la métropole,
interdiction des unions mixtes en 1763 --> ces mesures sont peu
et mal appliquées).
Les
résistances furent nombreuses. La première d'entre elles fut de se
rapprocher des blancs et de leur culture pour obtenir leurs faveurs
(religion, bons services, stratégies matrimoniales...). Ainsi, des
colons craignaient que la Bible ne devienne une arme de contestation
(les hommes ne sont-ils pas tous frères ?). La plus
spectaculaire fut le marronnage. (Mais en terme statistique assez
limitée). Des bandes de plusieurs centaines d'hommes autonomes
pillaient et terrorisaient les blancs. Plus tout un tas d'actes
individuels (sabotage…).
Les
français appliquent le modèle triangulaire portugais (15e) en
important des esclaves du Sénégal (10 000/an à cette époque). En
1848, 2 millions d'esclaves auront été déportés vers les colonies
françaises. Ils donneront naissance dans le même temps à 2 autres
millions d'esclaves. L'immense majorité de la population des
colonies à cette époque est d'origine africaine. Ce commerce permit
une accumulation massive de capitaux qui servirent de pompe
d'amorçage au capitalisme.
Le code Noir (1685) fait parti des actions menées par Louis XIV pour asseoir son pouvoir sur tout le royaume. Il fait des colonies des territoires administrés comme les autres provinces et entend réglementer le rapport maître-esclave. Si ce code légalise de fait l'esclavage, il encadre les pratiques et vise l'évangélisation des populations d'origine africaine. Au début, Ce n'est pas à proprement parler un texte qui reposerait sur la race mais plutôt sur le lien de domination entre maîtres et esclaves. Il prévoit également les conditions d'affranchissement des esclaves. Au 18e, on parlera de racialisation avec l'exclusion des noirs de la vie publique.
Le code Noir (1685) fait parti des actions menées par Louis XIV pour asseoir son pouvoir sur tout le royaume. Il fait des colonies des territoires administrés comme les autres provinces et entend réglementer le rapport maître-esclave. Si ce code légalise de fait l'esclavage, il encadre les pratiques et vise l'évangélisation des populations d'origine africaine. Au début, Ce n'est pas à proprement parler un texte qui reposerait sur la race mais plutôt sur le lien de domination entre maîtres et esclaves. Il prévoit également les conditions d'affranchissement des esclaves. Au 18e, on parlera de racialisation avec l'exclusion des noirs de la vie publique.
Au
début du 18e, la mise en valeur de la Louisiane nouvellement
conquise nécessité de renouer avec l'"engagement". Les
volontaires étant peu nombreux, de véritables rafles eurent lieu
dans Paris (une prime étant accordée aux agents de police pour ce
faire).
Peu
à peu, le développement du commerce et des communications distendit
les liens de domination interpersonnelles (féodaux) au profit
d'organisations plus larges. Le système de la manufacture et du
travail à domicile tout comme le développement du système
économique bancaire (billets et non plus métal) provoquèrent une
autonomisation de la personne souvent décrite comme aspiration à la
liberté. De plus, l'instruction progresse (Louis XIV demande à ce
que tous les enfants fréquentent les petites écoles paroissiales)
et à la Révolution, une personne sur deux sait lire dans les
grandes villes. C'est aussi l'époque de la mise en place d'un
véritable service postal qui permet d'intégrer davantage les
territoires et de renforcer la centralisation autour de la capitale.
L’État monarchique profite (et favorise) de la distensions des
liens interpersonnels pour établir ses propres moyens de contrôle
(de plus en plus de "papier d'identité" et une attention
plus grande portée aux registres, notamment paroissiaux).
Vers la Révolution
Au
milieu du17e, un tournant majeur est pris avec la formation d'une
opinion publique. La cour n'est plus le seul centre de la
civilisation mondaine. Des salons la concurrence où sont lus et
débattus les grands auteurs de l'époque (Rousseau, Voltaire,
Diderot...) qui deviennent très influents. La répression ne peut
empêcher la diffusion des écrits et des idées, ce qui pousse le
pouvoir à combattre sur le terrain idéologique. La bourgeoisie
lettrée utilise le terme de "Nation française" pour
prétendre parler au nom de tous et contester la légitimité du
pouvoir royal. si le peuple n'a pas accès aux grands auteurs, aux
salons et à la presse qui se développent, il en subit l'influence,
ce qui se traduit par une contestation des pouvoirs religieux
(jansénisme, affaiblissement des pratiques et des cérémonies...)
et corporatistes (développement des associations de compagnons,
embryon d'un culture ouvrière, multiplication des grèves et des
procès). Ceci se traduit même jusque dans l'habillement avec un
soin et une originalité qui progressent.
Dans
le même temps, le développement du commerce, de la consommation et
de la manufacture fait naître les idées économiques libérales
(les physiocrates). Fin 18e et juste après l'arrivée au pouvoir de
Louis XVI, Turgot, proche d'Adam Smith, décrète la libre
circulation du grain et la fin des corporations. Si la seconde mesure
eu un accueil mitigé selon les positions de chacun, la libre
circulation du grain fit l'unanimité contre elle dans une période
de famine (augmentation des prix et de la population). La "guerre
des farines" s'en suit (nord, ouest et île de France), réprimée
par 25 000 soldats. Mais signe que l'idée d'une commune humanité
(égalité) progresse, la répression est moins sanglante que lors
des siècles passés. Un autre indice est que plusieurs écrits
populaires de l'époque invitent les dirigeants à "se mettre à
la place" du peuple, ce qui était impensable dans la société
d'ordres.
La Révolution française
La
crise économique se poursuivant (les mauvaises récoltes entraînent
un paupérisation du peuple et une dépréciation de l'industrie),
incapable de réformer (échec du projet d'élection de
municipalités) et ne pouvant imposer l'impôt aux nobles et au
clergé, Louis XVI se résout à convoquer les États généraux et
appelle à la rédaction de cahiers de doléances (processus unique
par son caractère national et la parole accordée au peuple sous la
plume de son élite de juristes ou d'ecclésiastiques). Les états
généraux se réunissent en mai 1789. Sous l'influence de l'abbé
Sieyès, le 1/3 état (majoritairement représenté par des gens de
robes) ainsi qu'une fraction du clergé refusent le vote par ordre
(qui favorise 4% de la population) et impose le vote par tête. C'est
un tournant fondamental dans la reconnaissance de l'égalité des
individus au dépend des ordres alors que la noblesse reste persuadée
de représenter la "nation française". L'assemblée est
déclarée "nationale" et ne se séparera qu'après avoir
doté la France d'une constitution (serment du jeu de paume). Cela se
fait sous la pression d'une agitation populaire sans précédant
(prise de la bastille, Grande Peur, marche des femmes d'octobre 89,
insurrection de 92...) qui pousse les classes dominantes au
changement.
La
première décision fut le consentement à l'impôt (fondement de la
nation) avec la mise en place de taxes universelles et
proportionnelles à la richesse (4 août, DDHC). On abolit les
privilèges (en apparence) tout comme les discriminations (juifs). On
cherche à uniformiser le territoire (découpage administratif,
système décimal, suppression des douanes internes...). Le
libéralisme est affirmé avec l'interdiction des associations de
compagnons et l'affirmation du contrat individuel sur les droits
collectifs. La constitution de 1791 (monarchie constitutionnelle) est
avant tout une démocratie locale. Si elle fait de tout homme un
citoyen, elle exclue les femmes et un système censitaire génère
une majorité de " citoyens passifs" dépourvus de droits
civiques (4,3m de citoyens actifs /15m dont seulement 45 000 grands
électeurs élisent les députés). Cependant, 5m de postes électifs
(sièges politiques ou fonctionnaires) sont distribués et une vie
citoyenne plus large se met en place (clubs des jacobins, cordeliers,
pétitions...) incluant les femmes. La vente des biens de l'église
et notamment la terre fait l'objet d'un processus contradictoire : si
elle a permis d'installer une "France de petits propriétaires",
elle se fait surtout à l'avantage des riches. Le ressenti des
paysans par rapport à ce découpage conditionne bien souvent leur
soutien ou leur opposition au nouveau régime.
Après la fuite de Louis XVI (juillet 91) et la victoire de Valmy (sept 92), la 1ère République est proclamée (suffrage masculin non censitaire, 10% de participation). La constitution de l'an 1 (20 sept 92) ne sera jamais appliquée mais elle symbolise l'idéal républicain. Elle accorde une large autonomie à la démocratie locale et des droits nouveaux (travail, instruction, assistance). Très vite, cette conception de la République est combattue par les députés dits "girondins" qui défendent le libéralisme et l'absence de régulation centrale. En 1793, l'exécution du Roi et le retour à la pratique du tirage au sort dans l'armée, conjugué à la crise économique met la République en danger. Attaquée par les armées étrangères et les monarchistes de Vendée ainsi que les chouans, l'A.N. met en place le comité de salut public chargé de rétablir la situation (approvisionnement) et de stopper les ennemis de la république (40 000 exécutions politiques, 300 000 morts de part et d'autre dans la guerre de Vendée, exclusion des étrangers...).
Après la fuite de Louis XVI (juillet 91) et la victoire de Valmy (sept 92), la 1ère République est proclamée (suffrage masculin non censitaire, 10% de participation). La constitution de l'an 1 (20 sept 92) ne sera jamais appliquée mais elle symbolise l'idéal républicain. Elle accorde une large autonomie à la démocratie locale et des droits nouveaux (travail, instruction, assistance). Très vite, cette conception de la République est combattue par les députés dits "girondins" qui défendent le libéralisme et l'absence de régulation centrale. En 1793, l'exécution du Roi et le retour à la pratique du tirage au sort dans l'armée, conjugué à la crise économique met la République en danger. Attaquée par les armées étrangères et les monarchistes de Vendée ainsi que les chouans, l'A.N. met en place le comité de salut public chargé de rétablir la situation (approvisionnement) et de stopper les ennemis de la république (40 000 exécutions politiques, 300 000 morts de part et d'autre dans la guerre de Vendée, exclusion des étrangers...).
Loin
de l'idée d'une citoyenneté unifiée, on note les divisions
profondes du "peuple" (mot imposé par Robespierre) entre
maîtres et compagnons (trop rapidement rassemblés sous le terme
"sans culotte"), enragés (élite voulant porter les
intérêts des plus pauvres) paysans et esclaves des colonies (qui
obtiennent l'abolition en 94). Sans compter les profondes différences
régionales, notamment linguistiques. A Saint-Domingue, les libres de
couleurs s'allièrent avec les esclaves pour revendiquer l'égalité
; devant la violence de la révolte, ils obtinrent gain de cause pour
eux mais abandonnèrent les esclaves qui restèrent hors de la
citoyenneté.
Déjà,
on observe des fissions entre la classe politique (jacobins, comité
de Salut Public) et le monde ouvrier avec la répression des
mouvements de contestations dans les fabriques (Lyon juin 93), des
enragés et des sans culotte les plus radicaux.
Finalement,
le seul véritable unificateur fut la guerre qui sépara les
"patriotes" des ennemis de la République, qu'ils soient
étrangers ou français. A la chute de Robespierre (dans une impasse
car dépassé par sa conception de la citoyenneté en acte et plus
seulement représentative et lâche par les Sans culotte) la terreur
blanche et la réaction thermidorienne imposent une reprise en main
de l'élite, la fermeture des clubs, le retour du programme libéral
(constitution de l'an 3) au détriment de l'égalité et limitent la
citoyenneté à la représentation (corps électoral réduit à 30
000 notables). Ce mouvement fut poursuivi par l'opportuniste Napoléon
qui profita des errances militaires pour s'imposer, lui et son empire
(fin de la démocratie, contrôle du territoire par les préfets,
suppression de la presse, rétablissement de l'esclavage). Néanmoins,
Napoléon ne revint pas à la société d'ordre et en organisa une
nouvelle (code civil). Pris dans un fol engrenage militaire qui coûta
la vie à 1million de français, Napoléon défait permis aux
vainqueurs d'imposer le retour des bourbons au pouvoir en 1815 sans
pour autant que ce soit une véritable restauration (monarchie
constitutionnelle Louis XVIII et Charles X puis monarchie de juillet
de Louis Philippe après les 3 glorieuses de 1830 qui sont une
manœuvre des libéraux pour prendre le pouvoir).
Naissance du prolétariat
En
31 et 34, les révoltes des canuts à Lyon contre la baisse de leur
"tarif" et le choléra à Paris en 31 remirent au centre
des préoccupations ce qu'on appela la "question sociale".
Elle fut traitée de manière hygiéniste (mêlant conditions de vie,
de travail et promotion de l'éducation et des bons comportent). Mais
l'industrialisation ( ou mécanisation) couplée aux progrès de
l'instruction et de la lecture firent que peu à peu, les ouvriers
voulurent se représenter eux-mêmes et ne plus simplement être
décrits selon la vision des possédants (fameuse contestation de
l'utilisation par V.Hugo du mot "populace" ou Eugène Sue
qui devient par ses romans le porte voix des classes populaires). Des
journaux naquirent qui contribuèrent à unifier et autonomiser la
classe ouvrière des villes.
La
classe ouvrière arrive réellement dur la scène politique en 1848.
Guizot interdit les banquets politiques, ce qui entraîne une spirale
contestation/répression qui aboutit à l'insurrection de février
1848 et la 2nd République. Au côté des modérés, le courant
socialiste entre au gouvernement ("l'ouvrier Albert", Louis
Blanc, Lamartine). Le suffrage masculin est rétabli (10m d'électeurs
en avril), l'esclavage aboli, la liberté de réunion et d'expression
garantie. Cependant l'emploi des étrangers est interdit. Dans
l'armée, la garde nationales est ouverte à tous et les grades sont
électifs (le "citoyen combattant" est la figure de la
démocratie, plus que l'électeur). Nouveauté par rapport à 1792,
les "droits des travailleurs" sont reconnus. En juin 1848,
la révolte populaire contre la fermeture des ateliers nationaux et
la suspension de l'indemnisation du chômage est réprimée par une
armée régulière formée dans les campagnes (4 000 morts). Elle
était majoritairement ouvrière et l'alliance de circonstance entre
la petite bourgeoisie et les classes populaires contre les riches,
nobles et royalistes était en train de se défaire. En 1848-49 les
républicains reçoivent un revers cinglant avec les élections d'une
majorité royaliste et de Napoléon 3 (75%) au suffrage universel.
C'est un bel exemple de dissociation entre une élite paternaliste et
volontiers condescendante (le peuple ne serait pas capable de
déterminer ce qui est bon pour lui) persuadée de représenter les
intérêts populaires et la réalité des classes populaires. Pour
comprendre le soutien du peuple à l'Empire il faut surtout rappeler
le désir d'ordre en un temps où la paysannerie (70% de la pop)
améliore légèrement son sort grâce au développement de
l'industrie rurale et des tâches à domicile ( soierie, dentelle,
métallurgie / souvent poly activité agricole-artisanale-ouvrière
et parfois accompagnée de migrations saisonnières). Napoléon 3
mène également une politique fiscale favorable aux paysans (Tout
comme Napoléon 1 en son temps) en plus d'une conjoncture favorable
d'augmentation des prix agricoles qui permet à beaucoup de paysans
de devenir petits propriétaires.
Napoléon
3 supprime les organisations ouvrières et interdit la liberté de la
presse et d'expression même s'il garde une partie de l'héritage
républicain (élections mais avec des "candidats officiels",
propriété, souveraineté populaire déléguée à l'empereur,
égalité théorique). Pour régner, Napoléon 3 s'appuya sur
l'ancienne noblesse et la grande bourgeoisie (gros propriétaires,
hommes d'affaires, professions minérales, fonctionnaires) dans un
contexte de développement important de l'industrie (Wendell,
Schneider, compagnies de train, travaux Haussmann...) L'enseignement
fût remis aux mains des ecclésiastiques tout comme le contrôle des
sciences. Sous l'action d'Adolphe Thiers (ancien royaliste), la durée
de résidence dans une commune pour pouvoir être électeur passe de
6 mois à 3 ans : 1/3 du corps électoral est exclu dont une grande
majorité de classes populaires.
La
conjoncture se retourne à la fin des années 1860 avec une
contestation du milieu rural qui souffre de la concurrence des grands
centres industriels (développement de la mécanisation, de la
spécialisation et du salariat au détriment de l'ouvrier-artisan et
de l'ouvrier-paysan) et dans les villes où l'afflux important
d'ouvriers (malgré le soutien au polytravail qui maintien la
ruralité) offre des victoires électorales aux républicains.
L'autorisation des coalitions (associations de travailleurs,
notamment soutenues par Gambetta) par Napoléon 3 renforce ce
mouvement. En plusieurs ville de France (Mulhouse, Saint-Étienne),
des grèves sont réprimées dans le sang suite à la crise se 1867.
Après
la chute de l'Empire, la 3ème république est
proclamée (qui recycle le royaliste Adolphe Thiers). Les royalistes
(pour la paix) sortent vainqueurs de législatives qui ont opposé le
monde rural aux villes où tentent de se développer des pouvoirs
autonomes (les communes). A Paris, un gouvernement à forte
coloration ouvrière (et dans une moindre mesure féministe) ranime
les symboles révolutionnaires (garde nationales, comité de salut
public). Il impose l'élection des juges et fonctionnaires, la
séparation de l'église et de l'État, une réglementation plus
stricte du travail, la citoyenneté pour les étrangers, l'Union
libre... La répression fait plus de 7 000 morts et 4 000 communards
furent déportés.
La République intègre les paysans à la Nation, pas les indigènes
Après
la commune, le général Mac Mahon prend la direction du conseil, ce
qui laisse pressentir un rétablissement monarchique. Ce dernier
n'aura pas lieu car les campagnes finissent par se ranger du côté
républicain après que ces derniers ont pris conscience de la
nécessité de faire reposer le régime sur le monde rural plutôt
que sur les ouvriers des villes (notamment par la création du
sénat). Les royalistes à qui les élections avaient jusqu'ici
profité, redevinrent rapidement favorables à un régime
aristocratique. Fort de leur position, les républicains restaurent
le suffrage universel, adoptent le 14 juillet comme fête nationale
et la marseillaise comme hymne. Le service militaire universel et
rétablit ce qui ranime la conception sans-culotte de la citoyenneté.
Pour
asseoir son autorité, la 3e République développa les moyens de
communication, uniformisa la monnaie (et son usage) et la langue (50%
de la pop ne parle pas français / instruction publique, laïque
gratuite et obligatoire), imposa la laïcité contre l'église
monarchiste. Pour répondre aux besoins croissants de petits
fonctionnaires (enseignants, postes, chemin de fer...) un système
méritocratique se met en place (bourses, primaire supérieur...).
L'école fait basculer toute une population dans la culture écrite
(journaux, lettres...) et diffuse une culture commune (grands
auteurs, histoire...).
Entre
1873 et 1896, la "Grande Dépression" frappe la France sur
le plan économique mais aussi culturel. Avec la généralisation de
la mécanisation, l'intensification de la concurrence internationale
(amélioration des transports) et l'électrification, les grandes
entreprises paternalistes voient le jour et contribuent à l'exode
rural et à la marginalisation de la poly-activité. Un nouveau mot
apparaît : "chômage". La majorité des républicains se
rallient alors au protectionnisme pour les marchandises comme pour
les hommes.
C'est
à ce moment là (années 1880) que les questions de migration
rejoignent celles de nationalité et de citoyenneté. Alors que les
classes dominantes étaient restées assez indifférentes à la
question nationale (sous le 2nd empire, tout résident est citoyen),
la politique protectionniste change la donne. Une identité est
établie entre les classes sociales pour peu qu'elles partagent la
même nationalité. Ernest Renan diffuse sa définition de la nation
comme communauté culturelle basée sur la volonté d'appartenance
(contre la race, la religion, la langue et toutes les visions
communautaires anglo-saxonnes) ce qui a pour conséquence de frapper
de suspicion de non loyauté tous les non nationaux ou les nationaux
récents et de les priver de citoyenneté.
-
Lors de l'affaire des "vêpres de Marseille" des italiens
sifflent la marseillaise car la France a pris le contrôle de la
Tunisie au dépend de l'Italie. On impose alors aux étrangers de se
faire enregistrer dans leur commune de résidence et de payer une
taxe (prémices du permis de séjour).
En
même temps, la politique coloniale entamée par Charles X et
Napoléon III est poursuivie par les républicains (Ferry qui entend
par "race", " civilisation") malgré l'opposition
initiale des radicaux protectionnistes (Clemenceau). Elle est
justifiée par des arguments patriotiques (ne pas abandonner les
ressortissants français, laver l'affront de la perte de l'Alsace
Moselle), économiques, religieux et civilisateurs (droit sur les
races inférieures) et par des motivations politiciennes (moyen pour
Ferry d'obtenir le soutien des monarchistes face à la pression des
radicaux). Le "nous" national est employé à outrance et
toute contestation est étiquetée comme trahison à la nation.
De
fait, le faible nombre de colons et la toute puissance des compagnies
conduisent à des régimes proches de l'esclavage (sauf Algérie où
les autochtones accèdent à la nationalité sous certaines
conditions mais pas a la citoyenneté) avec l'appui d'une partie de
la population locale (soldats et petit peuple opprimé par les élites
autochtones).
En
Nouvelle Calédonie (2nd colonie de peuplement) seuls 10% des
bagnards devinrent des petits propriétaires quand la culture kanaks
fut complètement détruite.
Les
élites s'appuyèrent encore une fois sur la couleur de peau pour
justifier leur domination. Il fallait créer de toute pièce un ordre
raciste, la "noblesse de race" où le "blanc" se
confondait avec richesse, bonne manière, pouvoir... etc. Ceci
explique que les bourgeoisies coloniales voyaient d'un très mauvais
œil l'arrivée de blancs issus des classes populaires qui ne
correspondaient pas à l'image souhaitée, les mariages mixtes qui
brouillaient l'ordre social mais aussi que les japonais engagés dans
un développement à l'occidentale étaient considérés comme blanc
par l'administration.
Alors
qu'à la suite de la Révolution, les esclaves pouvaient comparer
leur situation avec celle des paysans européens, l'intégration de
ces derniers à l'État nation (fin XIXe) rendait désormais ce pont
impossible.
Le nationalisme plus fort que le mouvement ouvrier
Fin
XIXe, 47% des actifs sont salariés, 30% des actifs sont ouvriers de
l'industrie (en Angleterre c'est 90% et 60%). Les liens traditionnels
qui inscrivaient les êtres dans de petites communautés ont été
remplacés par des liens plus lointains et plus divers (nation,
association de travailleurs, partis politiques, communautés
religieuses, famille et amis ...). La bourgeoisie contrôle
l'ensemble de la société et le taux d'accumulation des richesses
est comparable à celui des pays aristocratiques (Angleterre). La
Révolution n'a pas profité au peuple.
Des
deux conceptions de la citoyenneté (délégation de pouvoirs et
action directe), la 3e République choisit "la liberté de dire
et l'interdiction de faire".
Dans
une République encore balbutiante, le général Boulanger invente
une recette politique qui aura de l'avenir. Ministre de l'armée, il
mobilise les 2 appartenances nationals (augmentation des tensions
avec l'Allemagne) et sociale (refus de réprimer les grèves de
Decazeville) pour s'attirer les votes populaires. Ce qui a pour
conséquence de détourner les socialistes des revendications
nationales.
Le
1er mai 1891, six ans après la répression à Chicago, la
manifestation de Fourmies est réprimée dans le sang (9morts) et
conforte l'idée d'une République bourgeoise (Guesdes). D'autres
répressions de ce type ont lieu comme en Martinique en 1900 (10
morts).
Tandis
que le mouvement ouvrier s'organise (partis, syndicats, bourses du
travail...), les monarchistes et l’Église comprennent qu'ils
doivent composer avec la République (échec de leur soutien à
Boulanger) et se rapprochent des républicains conservateurs avec qui
ils forment une droite antisémite (Barrès, Drumont avec "la
France juive"). Drumont et son journal (la parole libre, la
France aux français) sont à l'origine de l'affaire Dreyfus (1895) :
des généraux monarchistes voulant écarter les juifs des fonctions
publiques condamnèrent Dreyfus (juifs alsacien accusé d'espionnage
au profit de l'ennemi allemand) à la déportation. Ce fut le support
d'une campagne de l'extrême droite contre "la juiverie".
En réponse, les humanistes se rassemblèrent autour de la ligue des
droits de l'homme (1898) et Zola publia son célèbre "
j'accuse". Jaurès parvint à y rallier les socialistes.
L'affaire Dreyfus dressa pour longtemps les deux pôles de la vie
politique française (national-sécuritaire et social-humaniste).
Jusqu'en
1914, les droits sociaux et du travail ne progressent que très
lentement à cause de l'opposition farouche du patronat et de la
fracture importante entre travailleurs salariés et indépendants
(ces derniers épousant plus volontiers la vision patronale) qui
s'accentue au fil des lois (temps de travail, retraites, impôt
progressif sur le revenu...). Le 10 mars 1906, la catastrophe de
Courrières tue 1200 mineurs et provoque la première mobilisation
nationales ouvrière au-delà des secteurs d'activité. La peur de la
Révolution gagna la bourgeoisie, surtout que cette année est aussi
celle où la CGT devient une puissante fédération syndicale avec la
charte d'Amiens. Clemenceau emprisonne plusieurs leaders syndicaux et
mobilise 45000 soldats à Paris. Il réprime sévèrement toutes les
grèves jusqu'à sa chute en 1909. En Allemagne où l'aristocratie,
notamment militaire, a conservée le pouvoir, les élections de 1912
et la victoire du SPD sont un coup de tonnerre. Des deux côtés du
Rhin, les stratégies belliqueuses (rivalité pour le contrôle du
Maroc) et l'exaltation nationale sont un moyen de combattre la classe
ouvrière. En France, le service militaire passe de deux à trois ans
et l'antimilitarisme de la CGT est dénoncé comme antinational.
Finalement, la guerre finit par se déclencher et les partis
socialistes allemand et français se rallient à l'Union sacrée de
leur pays, ce qui témoigne d'un triomphe des logiques nationales sur
l’appartenance de classe. C'est la grande défaite de Jaurès.
Les
classes populaires mais aussi la bourgeoisie paient un lourd tribu
lors de la Première Guerre mondiale. L'Empire colonial est mobilisé
et une immigration de travail est organisée (Espagne, Portugal) pour
pallier le manque de main d’œuvre. Les femmes trouvent une
nouvelle place dans la société. En 1917, dans un contexte
révolutionnaire en Russie, le soulèvement révolutionnaire de 1918
en Allemagne conduit à l'armistice. Les mutineries et la
contestation à l'arrière poussent le gouvernement à accorder des
droits sociaux (délégués d'usine, salaires minimum puis en 1919 la
journée de 8 heures). Ce mouvement est stoppé par la victoire des
nationalistes aux élections, la chambre "bleu horizon".
Avec
des centaines de milliers de morts, la France sort très affaiblie du
conflit. Elle ne s'en remettra pas sur le plan démographique (+3%
entre deux guerres contre +36% pour l'Allemagne) et son appareil
industriel est détruit.
En
1931, le nombre des urbains dépasse celui des ruraux ; celui
des ouvriers de l'industrie dépasse celui des agriculteurs. L’État
devient le plus gros employeur (500000).
A
la sortie de la PGm, le mouvement ouvrier se divise entre
révolutionnaires (PCF, CGTu) et réformistes (SFIO, CGT).
Dans
les années 1930, le crack économique plonge des familles entières
dans le dénuement. On meure de nouveau de faim dans certaines
régions. L'emploi des femmes et des étrangers recule fortement.
Dans les colonies, la crise aiguise les tensions et un pouvoir de
moins en moins légitime réprime les contestations. Les premiers
mouvements de libération sont lancés (Indochine). En Allemagne,
Hitler prend le pouvoir et rejette le traité de Versailles.
L'extrême droite se renforce en France (insurrection de février
1934) et dénonce l'impôt sur le revenu, les lois sociales, les
fonctionnaires, l'afflux de réfugiés (surtout d'Allemagne).
Cependant, l'agitation ouvrière qui reprend après une décennie
très faible contribue à construire la victoire du Front Populaire
dans un contexte de lutte antifasciste (virage stratégique du PCF).
Les victoires électorales s'accompagnent d'un mouvement de grève
inédit dans son ampleur (2 millions de grévistes). Les accords de
Matignon valident la semaine de 40 heures, les congés payés, les
délégués syndicaux et les conventions collectives. Ces avancées
sont vite liquidées par "la revanche des patrons" dès
1938 et le retournement de Daladier. Celui qui dénonçait les 200
familles appliqua une politique autoritaire sur le plan social et
libéral sur le plan économique. De fait, il prépare la France à
la guerre après avoir laissé Hitler annexer l'Autriche et les
sudètes. Dès la guerre déclarée (annexion de la Pologne), tous
les "indésirables" furent internés (étrangers et
étrangères, républicains espagnols, 18 000 militants communistes)
et le PCF interdit (pacte germano-soviétique). Daladier réprime
donc les principaux opposants aux fascistes.
Après
la défaite, Plus d' 1 million de soldats français sont fait
prisonniers et 10 millions de personnes sont mises sur les routes de
l'exil. Pétain attribue la défaite à la République qui aurait
brisé l'ordre social naturel, aux capitalistes responsables de la
crise et à la lutte des classes qu'il veut faire cesser. "l'État
français" amplifie la législation contre les étrangers en y
intégrant les juifs (les gaullistes partageant avec Pétain l'idée
qu'un nombre irraisonnable d'entre eux, non assimilés, ont été
naturalisés). Pierre Laval est en charge de la collaboration à
travers le STO et la déportation des juifs étrangers et apatrides
(dont beaucoup venaient de perdre la nationalité française) dont la
rafles du Vel d'Hiv reste le symbole. Sur 140 000 internés, 80 000
sont juifs. Le régime s'attira cependant la sympathie d'une partie
des français en défendant une société traditionnelle, en
développant l'assurance sociale et les allocations familiales (vers
les agriculteurs et les indépendants) et en favorisant les
conventions collectives (salariés et patrons étant regroupés dans
les même instances au détriments des syndicats). Cette politique
est menée par René Belin, ancien leader du courant réformiste de
la CGT (!). Une bonne part des membres du PCF clandestin et de la CGT
entrent en résistance (appel de Tillon le 17 juin 1940) d'abord dans
les usines puis de plus en plus par des actes "terroristes"
ainsi que des socialistes et, dans de moindres proportions la droite
nationaliste (De Gaulle) et une partie de l'extrême droite. La
résistance prend de l'ampleur et se durcie avec l'attaque de l'URSS
par Hitler, la généralisation du STO et les victoires alliées.
Les jours heureux ?
La
bourgeoisie est largement discréditée d'avoir provoquée la crise
et collaboré avec l'occupant. Le PCF atteint 28% aux législatives
mais le MRP et la SFIO refusent la "voie française vers le
socialisme" de Thorez. Cependant, le PCF obtient 5 ministres qui
mettent en place une sécurité sociale complète pour 20 millions de
personnes et créés le statut des fonctionnaires. La droite continue
à diffuser une vision de la société centrée sur la race et les
degrés d’assimilabilité.
Avec
le début de la guerre froide, la guerre coloniale en Indochine et un
rationnement qui mécontente de plus en plus la population, le PCF
est embarrassé car il est à la fois parti de gouvernement et parti
révolutionnaire. En 1947, il est exclu du gouvernement. De vastes
mouvements de grève d'une grande violence se répandent dans toute
la France en 47 et 48. Ces mouvements sont sévèrement réprimés
par le gouvernement socialiste tout comme les étrangers engagés
dans le militantisme. C'est aussi à ce moment que la frange
réformiste sort de la CGT et que Léon Jouhaux créé FO avec des
financements américains quand les enseignants préfèrent le
corporatisme en créant la FEN. Le PCF perd peu à peu en influence,
la révolution n'aura pas lieu.
Les
rationnements s'arrêtent en 1950, le plan Marshall a permis de
relancer l'économie qui affiche une croissance annuelle de 6%.
Des
la fin de la guerre, un vaste mouvement de décolonisation touche les
territoires sous influence française. Malgré quelques concessions à
la marge (union française), les peuples autochtones n'obtenant ni
l'égalité d'accès à la citoyenneté et aux fonctions ni la
reconnaissance de leur sacrifices pendant la guerre, s'opposent au
pouvoir français. Des répressions brutales ont lieu contre les
tirailleurs sénégalais et en Algérie (20 à 30 000 morts !). En
Indochine, Hô chi minh déclare l'indépendance et accepte l'Union
française. Le refus est catégorique, la France lance une guerre qui
fera 60 000 victimes dans l'armée coloniale (dont la moitié de
maghrébins), 450 000 chez les Vietnamiens, plus des atrocités
contre les métisses. S'en suit une nouvelle guerre coloniale contre
les USA. La France se résout à l'indépendance de la Tunisie, du
Maroc et la nationalisation du canal de Suez mais n'accepte pas
l'indépendance de l'Algérie. La guerre fait 400 000 morts algériens
plus les règlements de compte entre les différents courants
nationalistes et les massacres de harkis. En France, on se souvient
de l'internement des Algériens, de la répression d'octobre 61 et du
métro Charronnes (9 morts). Cette période fit encore plusieurs
centaines de milliers de morts en Afrique subsaharienne (Madagascar,
Cameroun...). Finalement, l'articulation entre lutte d'indépendance
et luttes sociales ne se fit pas et les dominations de classe se
reproduisirent au sein des nouveaux états nationaux, parfois plus
brutalement encore qu'auparavant.
Pendant
ce temps, en métropole, l'économie et la démographie connaissent
le plus gros boum de l'histoire (baby boum et trente glorieuses).
Productivité, consommation et revenus sont triplés en 30 ans,
toutes les classes sociales accèdent à la consommation même si ce
sont surtout les privilégiés qui en profitent le plus. La
population agricole chute de 35% à 10% entre 1946 et 1975 (1 million
d'exploitations disparaissent en même temps que la production
augmente), la France devient un pays massivement urbain et industriel
même si le taux d'emploi dans l'industrie baisse en proportion au
profit des services (alors que le nombre brut continue d'augmenter).
L'emploi salarié se développe en direction des femmes et des
immigrés. Sur la même période, l'enseignement se développe
considérablement avec le doublement du nombre d'étudiants et de
lycéens. Cette nouvelle phase de la vie entre enfance et âge adulte
(travail) est nommé adolescence. Il participe à une reconfiguration
des représentations : le clivage de classe s'estompe face à une
identité générationnelle (Johnny, salut les copains...). Une
génération nouvelle se forme qui a une vie beaucoup plus
confortable que celle vécue par leurs parents qui ont connus la
guerre. C'est une des raisons de la rupture de mai 68 qui entraînera
le plus vaste mouvement de grève de l’histoire de France (4
millions de grévistes) et les accords de Matignon qui conduisent à
une hausse importante des salaires.
Dans
les années 70, les droits progressent notamment ceux des femmes
(divorce, avortement...) et des immigrés (le racisme devient
illégal). Les salaires augmentent, les droits syndicaux sont
reconnus et les licenciements doivent être justifiés. Cependant,
Giscard D'Estaing inaugure les premières mesures de "flexibilité"
avec les CDD et l'intérim. Peu à peu, le secteur industriel recul
face aux services par décision des classes dominantes de
délocaliser. L'intensification de la productivité est préférée à
l'emploi ou aux investissements, ce qui accentue la perte
d'importance de l'industrie. Aujourd'hui, une grande partie des
classes populaires occupe des emplois peu qualifiés dans le service
à la personne ou le bâtiment. Les effectifs des ouvriers (20%),
employés (27%), professions intermédiaires (26%) et cadres (17%)
ont des importances comparables. Ces mutations se sont accompagnées
d'une progression importante de la qualification des actifs (objectif
de 80% d'une classe d'âge au Bac). Malgré la hausse du nombre
global d'emploi, le chômage a progressé régulièrement depuis le
choc pétrolier de 1973, notamment à cause de la
désindustrialisation, de la dynamique démographique et d'un taux
d'emploi des femmes élevé.
En
81, L'élection de Mitterrand soulève un grand espoir. Cependant, il
abdique rapidement sur deux fronts importants : la sauvegarde de
l'appareil industriel (longway) et les droits des travailleurs
immigrés qui seront considérés d'un point de vue ethnique/culturel
(beur et musulmans) et non plus économique (ouvriers immigrés). De
plus le pouvoir socialiste laisse la droite désigner les jeunes
d'origine immigrée comme des ennemis de l'intérieur et reprend même
son discours. En réalité, en échec sur le plan social, le PS est
en proie à une ligne nationale-sécuritaire à l'image de la droite
qui nécessite de s'opposer à un ennemi extérieur et ses relais
supposés à l'intérieur. Les intégristes de la révolution
iranienne et les immigrés endosseront ses rôles. Les socialistes au
pouvoir (1981-1995 et 1997-2001) ont néanmoins fait avancer la
législation sociale (renforcement du code du travail, retraite à 60
ans, 35 heures, CHSTC...).
Un
aspect important est l'intégration européenne (agriculture, banque,
finances publiques) qui déconstruit en partie le cadre national qui
avait rassemblé la population française et permet une mise en
concurrence entre pays. L'identité européenne qui peine à
s'imposer face aux États-nations, est minée par son caractère
technocratique (Grèce, semestre européen) et l'incapacité à agir
ensemble (explosion des accords de Schengen, migrants,
diplomatie...).
Dans
la période récente, ce sont les transformations des médias qui ont
eu un impact important. Le "fait-diversion" n’est pas
nouveau (ce fut un moyen inventé par la presse du XIXe pour
intéresser le peuple à l’actualité nationale) mais il a pris une
importance considérable avec les chaînes d'information continue.
Les médias traditionnels ont pris le pas du mouvement pour mener la
guerre de l'audimat, ce qui a eu pour conséquence de focaliser le
débat public sur les infos les plus spectaculaires (violences en
tout genre, immigration, enlèvements...). De plus l'émergence
d'Internet et des réseaux sociaux à permis à chacun de s'informer
et de prendre la parole, parfois au détriment de la vérité.
Conclusion
"Notre
histoire a amplement montré que les classes dominantes ne renoncent
à leurs privilèges que lorsque le rapport de force les contraint à
ces concessions. [La croyance] que l'on pourrait avancer sur le
chemin de l'égalité économique et sociale par la bonne volonté et
la discussion entre citoyens raisonnables œuvrant au bien commun
(...) a toujours été démentie par les faits."
iRapport de la fondation Jean-Jaurès : http://bit.ly/2Gvor1X